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« Indignez-vous » écrivait Stéphane Hessel en 2010, appelant à la résistance face au monde financier et au creusement des inégalités.

Le succès de librairie de cet essai, puis les mouvements des « indignés » qui suivirent dans le monde entier doivent ils nous convaincre que les citoyens sont prêts à s’indigner facilement?

D’où naît le sentiment d’indignation? Comment est perçue l’indignation dans notre société? Essayer de répondre à ces questions, voilà le modeste objectif de cet article.

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La définition du mot indignation renvoie à la colère, à la révolte, à l’agressivité. Par ces définitions, l’indignation ne parait pas être constructrice et semble plutôt faire appel au côté animal de l’Homme.

Dire NON, voilà un positionnement que peu de citoyens savent faire. Pourtant n’est-ce pas la marque de l’émancipation ? C’est me semble t-il, du même ordre que l’opposition qu’a un adolescent envers ses parents afin de se construire. Remettre en cause l’ordre établi, n’est-ce pas la preuve d’une ouverture d’esprit, de notre capacité à penser autrement et donc à créer, à faire un pas de côté et donc à voir différemment ?

Cette pulsion « animale » qui nous pousserait à nous indigner, n’est-ce pas justement la marque de notre humanité ? Notre culture, nos valeurs, notre éducation nous amènent à réagir. L’indignation, toute primaire qu’elle serait, a besoin d’une écoute, d’un vécu, d’un recul, d’un savoir, d’un savoir être.

C’est donc notre sensibilité qui nous amène à nous indigner. L’opposé serait de constater froidement.

L’indifférence, la résignation sont des comportements beaucoup plus communs dans notre société. Le fait de rester dans notre bulle, bien protégés, nous fait aussi certainement perdre cette perception de l’injustice. Par ailleurs nous sommes abreuvés aujourd’hui d’informations relatant tous les malheurs du monde. Comme pour la douleur, où trop de stimuli font disparaître la douleur, trop d’informations malheureuses  fontvdisparaitre notre sentiment de révolte.

La société nous normalise et vise à pacifier nos relations. Ne pas faire de vagues, ne pas sortir du rang, voilà le bon comportement ?

C’est toute la difficulté du choix, car s’indigner remet en cause la stabilité du système qui nous nourrit. S’indigner c’est aussi remettre en cause les habitudes prises par nos prédécesseurs. Alors même que nous aspirons tous à la quiétude, à la reconnaissance de nos prochains, s’indigner signifie remettre en cause le système.

S’indigner, c’est accepter de pouvoir être mis à l’écart, au moins dans un premier temps. Cela demande à coup sûr du courage!

L’indignation est cette étincelle du départ qui permet l’engagement. Sans cela nous n’irions certainement pas.

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Un texte fondateur de l’idée d’indignation, et qui devrait être appris, s’il ne l’est pas dejà, à l’école de la République:

« Je n’ai rien dit »… par le Pasteur Martin Niemöller, texte revu par Berthold Brecht.

Quand ils sont venus chercher les communistes,

je n’ai rien dit.
je n’étais pas communiste
Quand ils sont venus chercher les syndicalistes,
je n’ai rien dit.
je n’étais pas  syndicaliste
Quand ils sont venus chercher les juifs,
je n’ai rien dit.
je n’étais pas juif
Quand ils sont venus chercher les catholiques,
je n’ai rien dit.
je n’étais pas catholique
Et, puis ils sont venus me chercher.
Et il ne restait plus personne pour protester

Ce texte écrit dans les conditions que l’on connait, est un formidable appel à l’indignation, à l’émancipation et à la prise de risque.

L’optimisme doit nous faire croire que nous pouvons encore et toujours changer les choses.

S’indigner n’est pas antinomique avec la volonté de construire, bien au contraire. C’est ce que nous pouvons appeler la colère positive.

D’ailleurs à mon sens, il ne sert à rien de s’indigner s’il n’y a pas de propositions ou d’action à mener à l’issue. L’essoufflement du mouvement des « indignés » de par le monde est malheureusement peut être du à ce manque de projets concrets et de solutions à proposer. Mais je suis persuadé que tous ceux qui ont participé à ces manifestations garderont à cœur de participer à la vie citoyenne et seront les engagés de demain.

La difficulté est souvent de passer d’une révolte personnelle à l’échelle sociétale. La révolution n’est pas toujours le meilleur moyen comme nous le voyons dans les pays du Maghreb. Avoir une valeur à défendre, avoir la bonne idée pour le faire, la mettre en œuvre collectivement et la transmettre : voilà un long chemin à prendre, mais qui porte ses fruits .

Même si leur pouvoir ou leur capacité à s’indigner est remis en cause, le relais des partis politiques, des associations et des syndicats doit pouvoir y aider.

Indignons nous avec force, sagesse et beauté !

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